Sophie Morel
Apprendre à gérer sa colère
Vous avez l’impression de vous énerver pour rien ? Ou on vous reproche que vous vous fâchez facilement ? Cette émotion, perçue négativement et faisant partie des sept péchés capitaux, permet néanmoins de nous exprimer sur notre état d’esprit : quand c’est trop, c’est trop ! Bien qu’étant une réaction naturelle, celle-ci peut s’avérer destructrice pour soi et son entourage : cris, gestes violents... La totale. Alors comment apprendre à gérer sa colère lorsqu’on a tendance à être colérique ?
La structure responsable des émotions primitives telles que la colère, la peur, la tristesse est l’amygdale. Elle concerne également nos actes de survie. C’est elle qui donne une émotion à la situation que nous vivons. Pour la colère, elle active le noyau gris périaqueducal. Ce dernier est la cause de nos agissements violents lorsque nous sommes énervés. Pour ce qui est des accélérations cardiaques, la dilatation des pupilles et autres joyeusetés qui accompagnent la colère, c’est l'hypothalamus qui entre en jeu. Il arrive que ce soit le néocortex qui traite les données, cependant, et il est beaucoup plus facile de se calmer, dans ce cas.
Il y a divers facteurs qui font que certaines personnes se mettent plus facilement en colère que d’autres. Déjà, selon le caractère de l’individu : certains ont tendance à plus "s’affirmer", c’est-à-dire qu’ils n’hésitent pas à faire part de ce qu’ils ressentent, et tant pis si ça ne plaît pas à l’entourage. Ceux qui sont plus timides ne se donneront pas en spectacle en public, et refouleront souvent cette frustration et cette rage. C’est pour cela que leur colère peut s’avérer terrible, tellement elle a été contenue. L’effet de surprise aussi peut jouer lorsque ce genre de personne se lâche, car nous ne sommes pas habitués à les voir dans un tel état. Les personnes hypersensibles ont tendance à se mettre rapidement en colère, car elles sont très susceptibles, et prennent tout pour elles.
L’éducation reçue est également un facteur qui influence sur la manifestation de la colère. Par exemple au Japon, il est très mal perçu d’afficher ses sentiments en public (oui, c’est pire qu’en Occident sur ce point-là), c’est pour ça qu’il sera moins courant de voir un de ses habitants hurler de rage devant d’autres personnes.
Le fait d’être colérique est souvent un signe de mal-être profond, qui n’a jamais pu être extériorisé. Un individu maltraité dans son enfance, aura plus de chance d’être colérique : on remarque souvent que dans ce cas, l’activation de l’amygdale est perturbée.
Savoir et comprendre pourquoi on s’énerve est déjà très important afin d’apprendre à mieux gérer sa colère. Est-ce quelque chose qui s’est accumulé, une frustration qui s’est développée pour finalement éclater au grand jour ? Ou est-ce un acte qui vous a fait imploser, car c’était vraiment inacceptable selon votre point de vue ? Et enfin, pourquoi cela vous a-t-il vraiment énervé ? Si vous pouviez revenir en arrière, auriez-vous explosé de rage ?
Comme expliqué plus haut, la colère est une démonstration de notre mécontentement, et la refouler pourrait s’avérer pire. En effet, non seulement, vous ne faites pas part de vos émotions, ce qui pourrait rajouter encore plus de frustration, ce qui va vous ronger de l’intérieur. Et ce sont tous ces petits facteurs qui s’accumulent qui peuvent provoquer des insomnies, du stress, une mauvaise humeur permanente… mais en plus, le jour où vous allez vraiment exploser, votre colère pourra se transformer en rage, car vous vous êtes trop contenu !
En fait, il y a des colères considérées comme plutôt "saines", celles qui nous aident à évacuer notre stress, nos frustrations sans être violent, et celles qui ont été trop réprimées, et qui là peuvent devenir dangereuses.
Ce n’est pas pour autant qu’il faut se mettre dans tous ses états à chaque fois que quelque chose nous irrite. Là encore, il faut savoir trouver un juste-milieu : être toujours en colère n’est vraiment pas bon pour la santé. Non seulement, elle est toxique pour ceux qui la subissent, mais le premier concerné est la personne qui la ressent. Une colère qui peut se transformer en haine au fur et à mesure du temps. Le saviez vous ? Elle est très contagieuse… Bonjour l’ambiance !
Gérer sa colère, est, comme toute autre émotion, un travail qui ne se fait pas en un jour. Il faut d’abord mettre un mot sur l’objet de votre colère : injustice, impuissance, moqueries… Les raisons sont nombreuses. Mais la sophrologie est là pour vous aider dans votre objectif. En apprenant à lâcher prise, vous allez découvrir ce qui provoque toute cette rage en vous. En effet, lorsqu’on prend du recul par rapport à sa situation, on arrive à voir d’un œil plus neutre ce qui nous arrive. Cela peut également vous permettre de vous calmer en essayant de relativiser le plus possible. Ainsi, vous aurez moins de regret lorsque vous repenserez à cet instant que vous avez trouvé embarrassant lorsque vous avez explosé en public.
La sophrologie est réalisée dans une pièce calme, qui vous invite à vous détendre. C’est ce silence qui vous aidera à vous recentrer sur vous, vos idées seront sûrement plus claires. On prend le temps de se concentrer sur sa respiration : on inspire longuement et on expire doucement. L’aération du corps est importante lorsqu’on vit de vives émotions comme la colère. En effet, cela aide à se calmer et à se reprendre en main, à ne pas se laisser aveugler par notre rage.
N’hésitez pas à faire part de vos émotions au sophrologue, il saura s’adapter à votre situation sans vous juger. Il est votre “guide” dans votre développement personnel, mais vous restez maître de votre changement. Votre volonté est la plus précieuse des alliées.
Et si l’objet de la colère (voire de la haine) est beaucoup plus enfoui et vous ronge de l’intérieur, consulter un psychothérapeute peut s’avérer être une meilleure idée.